A l’occasion d’à peu près ses douze ans, j’ai réparé la lomo. Ca doit être grosso-modo ma quatrième réparation : en effet cet appareil photo russe a une facheuse tendance à perdre ses vis. Bien sûr, les séjours répétés au milieu des grains de sable n’aident pas non plus, et je l’ai déjà entièrement démontée-remontée après un grippage total, ce qui lui a réussi. Sans que je n’ai rien trouvé à expliquer, d’ailleurs.
C’est un appareil extraordinairement attachant, jusque-là le seul qui m’ait fait ressentir à ce point la captation de lumière, ce qui est le rôle premier d’un appareil photographique. Tout ce qui doit être absorbé, il l’absorbe. Un peu gauchement éventuellement : son optique a une projection qu’on a bien du mal à définir, il y a ce vignettage que tant de personnes essaient de reproduire (le vignettage est plutot généralement ressenti comme un défaut) : une recherche “lomo” sur flickr donne au moins autant de resultats de personnes reproduisants les défauts ou effets lomo que des lomos (photos prises avec une lomo).
Mais en terme d’exposition, il se remplit de toute la lumière nécessaire ; je m’explique ce phénomène par la mystérieuse cellule et l’electronique qui l’entoure, en particulier le fait de continuer à compter la lumière entrée pendant l’exposition proprement dite quitte à raccourcir ou prolonger la fermeture de l’obturateur.
Réparer cette lomo permet de scruter sa simplicité, son efficacité. C’est aussi un principe, à l’heure où, comme le faisait remarquer mon voisin, il est moins cher d’acheter une brouette neuve que d’en changer le pneu, c’est aller sainement à contre-courant. La première fois que je l’avais réparée c’était à force de repasser devant une boutique sans enseigne où quelqu’un vissait toute la journée des montres moches. Il avait bien voulu léguer quelques vis. Depuis, le stock de vis avait fondu et donc le dernier décoinçage s’était achevé avec un boitier qui fonctionnait mais ne tenait qu’à moitié. Dix ans plus tard trouver les même vis est carrément difficile, pas un réparateur d’appareil photo connu dans la région. Les horlogers ne réparent plus ou seulement le plus valable et ce sont alors des vis beaucoup plus petites. En passant voir un grossiste pour horloger réparateurs, celui-ci me dit que tout les réparateurs disparaissent et que l’avenir de son commerce réside précisement dans ces disparitions, il a la ferme intention de durer au-delà de ses concurrents, il y est probablement déjà arrivé, il a son monopole. Mais pas mes vis.
En fin de compte l’idée est venue en nettoyant mes lunettes : là au coin de la charnière, quasiment la bonne vis ! Donc voila, pour ce genre de réparation, la matière première se trouve chez n’importe quel vendeur de lunettes. Enfin au moins tant que le procédé de vissage de ces charnières ne sera pas remplacé.
[edit] j’ai également rallongé le relicat de déclencheur (qui tombe, lui aussi) avec l’arrière d’un porte mine en plastique.
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Bonjour,
Je ne me servais plus de mon lomo Lca car il n’y avait plus qu’une vis sur 4. J’ai passé 1h aujourd’hui au Bhv car j’habite Paris et les + petites vis achetées ont un diamètre trop grand. Un grand merci pour m’avoir donné la solution, j’avais une vieille paire de lunettes dont il manquait une branche et je viens de récupérer les 2 vis, il n’en manque maintenant plus qu’une que je vais essayé de grapiller à un opticien…
Je suis trop contente, vous avez fait une heureuse et rendu mon lomo bien vivant…
Encore merci.